L’apprentissage du point de vue de la théorie de la médiation

LES 3 TEMPS DE L’APPRENTISSAGE

  • Le temps de l’embrayage : toute personne prise, voire emprise, dans la situation qui sollicite ses «habitus» et ses «capacités» de représentation, d’actions, de relations et d’intentions doit pouvoir «modifier les caractéristiques de son engagement dans le monde et vis-à-vis des phénomènes qui peuvent faire souffrir» (Boullier, 1998). Ici se pose la nécessité de quitter son monde propre (approprié) via une autre scène car la force des éléments du cadrage ordinaire ou quotidien continuerait à s’imposer. Dit autrement, il faut créer du vide pour suspendre les évidences. Il faut donc ou l’accepter ou l’organiser comme un pré-requis à l’acquisition.
  • Le temps du débrayage : par une série de médiations adaptées, la personne reprend en mains, en contrôle, la situation vécue et tente d’en saisir les apports sans pour cela se perdre dans le monde de l’«autre savoir», le «supposé savoir et donc pouvoir». Il lui faut passer d’une situation figurée à une situation vécue dans laquelle son décentrement ne vaut pas absorption ou dilution d’elle-même. Ceci suppose, selon le contexte, qu’elle fasse preuve de résistances via le conflit (altérité ou/et agressivité) élémentaire, nécessaire car salvateur au regard de sa prise en charge.
  • Le temps du réembrayage : la personne s’approprie réellement les éléments, selon une durée plus ou moins longue, plus ou moins consciente, elle les fait siens, non pas comme l’étudiant qui fait ce qu’il faut pour avoir son examen mais comme celui qui vraiment opère de nouveaux rapports au monde du fait des apports et, de ce fait, recompose son monde. L’enjeu didactique tient en cela d’en revenir à un monde propre par un « s-avoir » enrichi du frottement à celui d’un autre.

Document PDF ici

avril 30, 2020